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VIE DE RANCÉ

s’entretient avec l’Océan ; les sept chefs devant Thèbes jurent sur un bouclier noir ; les Perses pleurent à l’apparition de l’ombre de Darius. Œdipe roi paraît à la porte de son palais ; Œdipe à Colone s’arrête près du bois des Euménides ; prêt à quitter son exil, Philoctète s’écrie : « Adieu, doux asile de ma misère ! »

Les écrivains de la Vie des Pères du désert, Grecs de naissance, ont été fidèles à cet ancien usage : ils nous montrent Paul, premier ermite, caché sous un palmier ; Antoine, premier solitaire, s’enfermant dans un sépulcre ; Pacôme, premier instituteur des Cénobites, assis sur une pierre à Thebennes. Nous n’irons pas si loin avec Rancé ; nous resterons près de Versailles : à trente lieues des escaliers de marbre de l’Orangerie, qui n’étaient pas encore souillés de sang, nous trouverons les austérités de la Thébaïde ; et cependant le bruit de la cour nous parviendra comme les murmures des flots du siècle.

Qu’était-ce que la Maison-Dieu lorsque Rancé s’y retira ?

La Maison-Dieu s’appelle aujourd’hui la Trappe : Trappe, dans le patois du Perche, signifie degré, vraisemblablement de trapan. Notre-Dame de