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LIVRE DEUXIÈME

la boule lorsque la chaleur et le mauvais temps ne leur permettaient pas de jouer au dehors.

Le dortoir était abandonné ; il ne servait de retraite qu’aux oiseaux de nuit : il était exposé à la grêle, à la pluie, à la neige et au vent ; chacun des frères se logeait comme il voulait et où il pouvait.

L’église n’était pas en meilleur état : pavés rompus, pierres dispersées ; les murailles menaçaient ruine. Le clocher était près de tomber : on ne pouvait sonner les cloches qu’on ne l’ébranlât tout entier.

Il n’y avait d’autres ruisseaux à la Trappe que ceux que forment les étangs successifs qui s’élèvent avec le terrain, ni d’autres prairies que les queues des étangs ; l’air n’était supportable qu’à ceux qui cherchaient à mourir. Des vapeurs s’élevaient de cette vallée et la couvraient. « Il est malaisé, écrit Rancé à madame de Guise, que je me tire de mes incommodités à l’âge que j’ai et à l’air que nous habitons ; c’est à la situation toute seule du pays qu’il s’en faut prendre. Il a plu à Dieu de nous y mettre ; il savait bien les maux qui nous en devaient naître : qu’importe où l’on vive, puisqu’il faut mourir ! »

Dom Le Nain raconte que « les esprits impurs