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LIVRE DEUXIÈME

famille florentine qui conseilla la Saint-Barthélemy, le cardinal ne montra pas les vertus que tâcha de lui inspirer saint Vincent de Paul, son précepteur : l’homme du bien, en ces temps-là, touchait à l’homme du mal, et il restait dans celui-ci quelque impression de la main qui l’avait modelé. Retz écrivit la Conjuration de Fiesque, ce qui fit dire au cardinal de Richelieu : « Voilà un dangereux esprit. » La pourpre romaine avait cela d’avantageux qu’elle créait un homme indépendant au milieu des cours. Retz professait du respect pour quiconque avait été chef de parti, parce qu’il avait honoré ce nom dans les Vies de Plutarque : l’antiquité a longtemps gâté la France. Il disait qu’à son âge César avait six fois plus de dettes que lui : après cela il fallait conquérir le monde, et Retz conquit Broussel, une douzaine de bourgeois, et fut au moment d’être étranglé entre deux portes par le duc de La Rochefoucauld.

Retz, à son début, aima sa cousine, mademoiselle de Retz : elle montrait, dit-il, tout ce que la morbidezza a de plus tendre, de plus animé et de plus touchant.

Suspect à Richelieu, ayant eu l’audace de mugueter ses femmes, le lovelace tortu et batailleur fut obligé de s’enfuir. Il alla à Venise, où il pensa