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VIE DE RANCÉ

aimables et saintes ! on a bâti sur la terre d’augustes palais, on a élevé de sublimes sépultures, on a fait à Dieu des demeures presque divines ; mais l’art et le cœur de l’homme ne sont jamais allés plus loin que dans la création du monastère. »

Déjoué dans ses négociations comme dans ses sentiments, Rancé s’enferma dans sa vie. Il soigna un serviteur qui pensa mourir : inflexible pour lui, il pliait sa vie pour les autres. Il ne buvait que de l’eau, ne mangeait que du pain ; sa dépense par jour ne passait pas six oboles, prix d’une couple de colombes ; mais il s’abstenait de ces doux oiseaux qui coûtent si peu cher Ne pouvant faire auprès des hommes les affaires de Dieu, il tâchait de faire auprès de Dieu les affaires des hommes.

« Il ne voulait voir, dit Maupeou, ni les anciens monastères ni les anciens monuments de la magnificence romaine, cirques, théâtres, arcs de triomphe, trophées, portiques, colonnes, pyramides, statues et palais, imitant en cela le célèbre Ammonius, qui accompagnant Athanase à Rome n’y voulut voir que le fameux temple dédié aux apôtres saint Pierre et saint Paul. » Rancé fréquentait les églises, passant les heures