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LIVRE TROISIÈME

pre père, et que la douleur ne cause ni douleur, ni inquiétude, ni distraction à celui des frères qu’elle regarde. La famille naturelle était tuée, et l’on y substituait une famille de Dieu. On pleurait son père autant de fois que l’on pleurait le père inconnu d’un compagnon de pénitence.

Il y a des usages pour sonner la cloche selon les heures du jour et les différentes prières. Il y a des règles pour le chant : dans les psaumes, allez rondement jusqu’à la flexe ; le Magnificat doit s’entonner avec plus de gravité que les psaumes ; quoique aucune pause ne soit commandée dans le cours d’un répons, on en doit faire dans le Salve Regina : il faut qu’il y ait un moment de silence dans tout le chœur.

En 1672, on rétablit à la Trappe l’ancienne manière de jeûner le carême, de ne faire qu’un seul repas et de ne manger qu’à quatre heures du soir.

Par ces règlements Rancé avait mis à exécution ses deux grands projets : prière et silence. La prière n’était suspendue que par le travail. On se levait la nuit pour implorer celui qui ne dort point : Rancé voulait que l’âme et le corps eussent une égale occupation.

Quand l’abbé s’apercevait que ses religieux