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LIVRE QUATRIÈME

vaut pas le diable. Sur chaque observation de Timocrate, Philandre s’écrie : « Ah ! je ne savais pas cela. Je serai fort aise que vous examiniez un peu ce qu’il dit là-dessus, et vous m’obligerez de me montrer l’endroit. » Les deux interlocuteurs vont dîner, se donnent rendez-vous pour le lendemain au jardin des Tuileries, et la conversation continue. Timocrate accuse Rancé de dédaigner l’Écriture, de vouloir se montrer savant à propos de tout, de citer de l’Aristophane grec. « Je voudrais savoir, reprend Timocrate, quand il l’a lu, si c’était dans sa jeunesse et avant d’avoir quitté le monde ou après. J’ai peine à croire qu’il se ressouvienne si exactement d’une lecture faite il y a plus de trente ans : ainsi il y a plus d’apparence que c’est dans la retraite qu’il s’est diverti avec ce comique. » Petite chicane de mauvaise foi, néanmoins piquante. Le P. Mège combattit sérieusement le premier l’ouvrage de Rancé dans son Commentaire sur la règle de saint Benoît. Le livre De la sainteté et des devoirs de la vie monastique était déjà à sa troisième édition, lorsque enfin, dans l’ombre des cloîtres, on entendit un bruit de papier et de poussière : c’était Mabillon qui s’élevait. Il n’avait pas blanchi sous ses in-folio, il ne