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VIE DE RANCÉ

regardait pas autour de lui les parchemins moisis des premiers jours de la monarchie, pour s’entendre dire qu’il avait perdu son âme et son temps à l’étude des choses passées. Le compilateur des Vetera analecta se crut obligé de soutenir la cause des érudits, dont il était la gloire. Les deux savants champions, descendus dans la lice, étaient cuirassés de grec et de latin. Quand nous prétendons lutter contre ces savants, nous montrons ce qui nous manque « dans cette monarchie docte et conquérante, » dit Bossuet. Le Père Mabillon procède méthodiquement ; il ne laisse rien derrière lui ; rechercheur expérimenté, il fouille partout : il ne fait pas un pas qu’il ne force un siècle à se lever. Intime confident des chroniques, il dit comme l’abbé Lacordaire : « Le temps tiendra la plume après moi. »

Il s’adresse aux jeunes religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur :

« C’est à vous, mes très chers frères, leur dit-il, que je me sens obligé d’offrir cet ouvrage, puisque c’est particulièrement pour vous qu’il a été entrepris et composé. Je vous prie de bien considérer que je ne prétends pas faire ici de nos monastères de pures académies de science : si le grand apôtre faisait gloire de n’en avoir