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VIE DE RANCÉ

nombre des lignes dans la même distance qu’elles sont dans l’imprimé. »

Merveilleux siècle où Mabillon, oubliant son sujet, se change en un pauvre pédagogue, où Bossuet, devenant un prêtre habitué de paroisse, fait le catéchisme aux petits enfants de son diocèse !

Il n’y a aucune éloquence dans le Traité des études monastiques opposé aux sentiments de Rancé, mais une raison supérieure, une mansuétude touchante, je ne sais quoi qui gagne le cœur : « Écrivons donc, dit-il en finissant, et composons tant que nous voudrons, et travaillons pour les autres. Si nous ne sommes pénétrés de ces sentiments, nous travaillons en vain, et nous ne rapporterons de notre travail qu’une funeste condamnation. Tout passe, excepté la charité :Quotidie morimur, quotidie commutamur, et tamen æternos nos esse credimus. »

Rancé prit feu en se sentant attaqué par Mabillon : sa réponse est aussi érudite que celle du bénédictin, mais elle est sophistique. Si le supérieur de la Trappe n’a pas raison, il se soutient par une éloquence qu’il tire de sa passion pour les souffrances. Il adresse sa réponse à ses frères