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VIE DE RANCÉ

avec habileté : « On loue, mes frères, dit-il, on loue Marc, disciple, à ce que l’on dit, de saint-Benoît, de ce qu’il faisait bien des vers ! Quelle louange pour un moine ! Je suis assuré que saint Benoît ne lui avait pas légué cette science par son testament, ni qu’il ne la lui avait pas enseignée par son exemple. Quelle qualité pour un solitaire d’être poète !

» Loup, abbé de Ferrières, a tort de prier le pape Benoît III de lui envoyer le livre De l’Orateur de Cicéron, les douze livres de Quintilien, le Commentaire de Donat sur Térence : n’aurait-il pas mieux fait de gémir dans le fond de son cloître de ses propres péchés comme de ceux du monde, et de soutenir ses frères qui dans ce siècle de fer avaient besoin d’être secourus et d’être consolés ! »

Rancé se jette parmi les moines savants pour en rompre l’ordonnance ; il ne s’aperçoit pas qu’il les fait aimer : il rit de Hubald, auteur de cent trente vers à la louange des chauves. Rancé avait raison ; mais qu’est-ce que cela prouve, sinon chez Rancé un reste de la raillerie du monde ?

Mabillon ne se tint pas pour vaincu ; il répliqua dans ses Réflexions. Il amoncela de nouvelles preuves en faveur des études monastiques. Ces