Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
VIE DE RANCÉ

dre cette mélodie après eux, lorsqu’ils avaient réuni leur vie aux faisceaux des lyres brisées.

Des médailles et des portraits de l’abbé de Rancé s’étant répandus, donnèrent naissance à de nouvelles calomnies ; on le traita de superbe qui voulait éterniser sa mémoire. On fit courir des médailles portant d’un côté ces mots : Restaurator monachorum ; et de l’autre un moine mal fait avec cette devise : Labor improbus.

Le P. Lami, un des commensaux de la Trappe, était demi-philosophe ; il différait de Rancé sur beaucoup de sujets ; il passait pour être l’homme de son ordre qui écrivait le mieux en français : il avait développé avec clarté les idées de Descartes. Au sujet des Études monastiques, il eut une discussion avec Rancé devant madame de Guise, et Mabillon raconte que Lami l’emporta sur Rancé[1]. Un ordre de Louis XIV imposa silence aux partis.

S’il y a des libelles imprimés contre Rancé, il y en a d’autres qui sont restés manuscrits, en particulier une dissertation sur les humiliations, par l’abbé Leroy ; elle se trouve à la bibliothèque de Sainte-Geneviève. L’abbé de Rancé répondait : « Vous savez combien de fois on m’a fait mort ;

  1. Premier volume des Œuvres posthumes de Mabillon.