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VIE DE RANCÉ

ou plutôt s’il eût été un pur esprit, était toujours dans l’action du matin jusqu’au soir ; il écrit, il dicte des lettres, il compose ses ouvrages, il étudie ; il écoute ses religieux, répond à toutes leurs difficultés ; il conduit quatre-vingts personnes qui composent sa communauté, tant novices que profès ; il ordonne tout ce qui les regarde, soit pour leur intérieur, soit pour leurs besoins extérieurs. Tantôt il va à l’infirmerie, de l’infirmerie aux hôtes, des hôtes au cloître, et du cloître vers ses frères ; tantôt il visite les cellules pour voir si chacun s’occupe, tantôt il descend au chœur pour examiner avec quelle piété on y célèbre les divins offices, et tantôt il retourne à sa chambre, où quelque frère l’attend ; mais souvent il y retourne tellement fatigué qu’il ne peut plus se soutenir sur ses pieds, et à peine y est-il un moment qu’une visite d’hôte l’oblige d’en sortir ; il ne discontinue pas même ses occupations dans le temps destiné au repos. On le voit, entre les Matines et Prime, faire un tour dans le monastère, ou aller à la cour des frères convers, ou parcourir le dortoir pour voir si chacun est couché ; car il disait que ce n’était pas une moindre faute contre la règle de ne se pas retirer pour se reposer sitôt que