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jusqu’à Poestum ; ses temples et ses tombeaux forment une ligne au dernier horizon d’un ciel enchanté.

Je n’ai point été frappé de Naples en arrivant : depuis Capoue et ses délices jusque ici le pays est fertile, mais peu pittoresque. On entre dans Naples presque sans la voir, par un chemin assez creux[1].

3 janvier 1804.

Visité le Musée.

Statue d’Hercule dont il y a des copies partout : Hercule en repos appuyé sur un tronc d’arbre ; légèreté de la massue. Vénus : beauté des formes ; draperies mouillées. Buste de Scipion l’Africain.

Pourquoi la sculpture antique est-elle supérieure[2] à la sculpture moderne, tandis que la peinture moderne est vraisemblablement supérieure, ou du moins égale à la peinture antique ?

Pour la sculpture, je réponds :

Les habitudes et les mœurs des anciens étaient

  1. On peut, si l’on veut, ne plus suivre l’ancienne route. Sous la dernière domination française une autre entrée a été ouverte, et l’on a tracé un beau chemin autour de la colline de Pausilippe.
  2. Cette assertion, généralement vraie, admet pourtant d’assez nombreuses exceptions. La statuaire antique n’a rien qui surpasse les cariatides du Louvre, de Jean Goujon. Nous avons tous les jours sous les yeux ces chefs-d’œuvre, et nous ne les regardons pas. L’Apollon a été beaucoup trop vanté : les métopes du Parthénon offrent seuls la sculpture grecque dans sa perfection. Ce que j’ai dit des arts dans le Génie du Christianisme est étriqué et souvent faux. À cette époque je n’avais vu ni l’Italie, ni la Grèce, ni l’Égypte.