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IV.



Quand deux cœurs, deux cœurs amoureux
N’ont à tous deux qu’une seule âme,
Et que mutuelle est leur flamme,
Qu’ils tiennent du Coucou tous ceux
Qui vont troubler ces deux heureux
Des grands mots prudence et sagesse
Et des dictons de la vieillesse !

V.



Et cependant tandis qu’encor
Il en est tenps, pensez jeunesse
Qui ne vivez que de tendresse,
Qui ne rêvez que d’un ciel d’or,
Que le Coucou donne du cor
Dans le mois des fleurs embaumées
Dans Avril aux fraîches ramées.



ANONYMES.

Les Changements du Monde.


L’Ombre au port solennel qui retient dans ses mains
Le sablier, la faulx, l’avenir des humains,
Une fois s’arrêta dans son vol sur la terre,
Sur les créneaux poudreux d’une cité guerrière,
Demandant au soldat veillant seul à l’écart :
Depuis combien de temps vivait là ce rempart ?
Et le barde de fer qui faisait sentinelle,
Lui dit, l’orgueil au front : — « Là, cette citadelle
Est debout depuis l’heure où le soleil a lui,
Telle elle était jadis, telle elle est aujourd’hui,
Et telle elle sera tant que le glas funèbre
Du monde, n’aura pas tinté ;
Ainsi que le dira ce narrateur célèbre
L’Éternité ! »

Et puis après mille ans passés voila que l’Ombre
Aux mêmes lieux descendit sombre.