alors la faim ne se glisserait plus dans mon sein ;
rien ne me ferait plus de plaisir, sauf du pain. »
Ainsi tous les jours pleura cet enfant,
jusqu’au moment où sur les genoux de son père il se coucha
et dit : « Adieu mon père, je vais mourir, »
et il embrassa son père et mourut ce même jour.
Et quand le pauvre père le vit mort,
de douleur il se mordit les bras
et dit : « Hélas, fortune, hélas !
c’est bien à ta roue félonne que je dois tous mes maux ! »
Ses enfants pensèrent que c’était de faim
qu’il se rongeait les bras, et non de douleur,
et dirent : « Père ne faites pas ceci, hélas !
mais bien plutôt mangez de notre chair à nous deux ;
vous nous avez donné notre chair, prenez-nous notre chair
et mangez tant que vous voudrez. » Ainsi parlèrent-ils,
puis un jour ou deux plus tard,
ils se couchèrent sur ses genoux et moururent.
Lui-même désespéré mourut aussi de faim ;
ainsi finit ce puissant comte de Pise ;
de haut état la fortune l’a abattu.
De cette tragédie j’en ai dit assez.
Si quelqu’un veut la connaître plus au long
qu’il lise le grand poète d’Italie
qui a nom Dante, car lui la peut conter
de point en point sans en omettre un mot.
Bien que Néron eût autant de vices
qu’aucun des démons qui sont dans l’abîme,
néanmoins, à ce que nous rapporte Suétone[2],
il eut en sa domination ce vaste monde,
à l’est, comme à l’ouest, au sud comme au septentrion ;
de rubis, de saphirs et de blanches perles
tous ses habits étaient brodés de haut en bas ;
car il trouvait aux pierreries grand plaisir.