dans l’Ancien Testament, touchant Daniel,
s’il tenait songes pour vanité.
Lisez aussi l’histoire de Joseph, et vous verrez
que songes sont parfois (je ne dis pas tous)
avertissements de choses qui après arriveront.
Voyez le roi d’Égypte, dom Pharaon,
et aussi son boulanger et son bouteillier,
s’ils n’ont pas senti les effets des songes.
Qui cherchera dans les Actes de divers royaumes,
lira sur les songes mainte merveilleuse chose.
Voyez Cresus, qui fut roi de Lydie[1],
rêva-t-il pas qu’il était perché sur un arbre,
ce qui signifiait qu’il serait pendu ?
Voyez Andromaque, femme d’Hector,
le jour où Hector devait perdre la vie,
elle rêva la nuit même d’avant
que la vie d’Hector allait être perdue,
si ce jour il marchait à la bataille ;
elle l’avertit, mais n’y a parole qui vaille ;
il part au combat néanmoins,
et par Achille incontinent est occis[2].
Mais ce conte est bien trop long à conter,
et aussi est-il presque jour, je ne peux m’attarder.
Bref, dis-je en conclusion,
il m’adviendra de cette vision
adversité ; et je dis de plus
que ne fais nul cas de laxatifs,
car sont venimeux, bien le sais ;
je les mets au défi, je ne les aime mie.
Or parlons de joyeuseté, et nous taisons de tout cela ;
madame Pertelote, sur ma félicité !
il est une chose dont Dieu m’a fait largesse,
car lorsque je vois la beauté de votre face,
et le rouge écarlate qui entoure vos yeux,
toute ma crainte est tôt envolée ;
car, aussi sûr que In principio,
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