Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaisseaux du Bosphore qui passerent heureusement par là, ne l’eussent sauvé.

Lucien échappé à ce danger, voulut poursuivre Alexandre devant le gouverneur de la Bythinie & du Pont ; mais ce gouverneur le pria de ne point agir contre un homme qu’il ne pouvoit condamner, quand même il le verroit manifestement coupable, de peur d’offenser Rutilianius. Lucien ne put se venger d’Alexandre qu’en écrivant sa vie ; il s’y déclare son ennemi, & ainsi il peut y avoir ajouté quelques circonstances pour décrier davantage cet imposteur ; mais le fond de son histoire étoit une chose si publique, qu’on ne peut présumer qu’il ait altéré la vérité.

Ce qu’il y a de vrai, c’est que ce séducteur eut l’insolence de demander à l’empereur la permission de faire battre de la monnoie avec son image d’un côté, & celle de son Glycon de l’autre. On ne dit pas s’il l’obtint ; mais on trouve des médailles d’Antonin qui ont au revers le nom des Abotoniques & de Glycon, avec la figure d’un serpent qui a une tête d’homme. L’imposture finit par la mort de l’imposteur, qui, s’étant promis 160 ans de vie, n’en vécut pas