Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/163

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la paix ! Combien de scélératesses, combien de crimes commis au nom de Dieu !

Quand le maître prêchoit, il étoit environné des plus braves, prêts à se jetter sur quiconque oseroit le contredire. Cette singuliere façon de convaincre les esprits étoit un peu violente ; on craignoit, avec raison, la replique de ses argumens : aussi n’y eut-il aucun incrédule, du moins en apparence. Les chefs de cette troupe de brigands vouloient assujettir tout le monde à leurs extravagances. Ils prétendoient, sans pouvoir du pape, donner la rémission des péchés, &, quoique laïcs, ils se mirent à confesser publiquement. Ils cassoient les mariages, ou les faisoient à leur fantaisie, donnoient la croix, ou l’ôtoient, comme il leur plaisoit, montoient en chaire, & débitoient tout ce qui leur venoit dans l’esprit ; ce n’étoit dans leurs discours que déclamations grossieres & indécentes contre les ecclésiastiques & les religieux. Les frères prêcheurs & les mineurs n’étoient, selon eux, que des vagabonds, des fainéans, des hypocrites ; les cisterciens, des avares servilement attachés à leurs terres & à leurs bestiaux ; les moines noirs, des gourmands gonflés d’orgueil ; les chanoines, des demi-laïcs, trop adonnés à la bonne-chere ; les