Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/202

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son tribunal les deux empereurs rivaux, Louis de Baviere, & Charles de Luxembourg, & de déclarer que toute la terre lui appartenoit, prêtoit assez au ridicule.

Les nobles persécutés furent tellement irrités des attentats de Rienzi, qu’ils prirent des mesures pour se venger. Le tribun informé des mouvemens qu’ils se donnoient, leur ordonna de mettre les armes bas, & marcha lui-même contre eux à la tête de plus de 20000 hommes, avec lesquels il entra dans Rome en triomphe. Le pape voulut arrêter ces excès par un bref dont il chargea le cardinal Bertrand ; mais Rienzi se moqua du bref & du légat. Devenu cruel à proportion de la résistance qu’il trouvoit, il parut tout différent de lui même, ambitieux, intempérant, cruel & emporté.

Cette conduite lui fit perdre l’affection d’une partie de ses troupes, & sa tyrannie lui enleva bientôt celle des Romains. Dès qu’il s’en fut apperçu, il remit son autorité entre les mains du peuple, sept mois après l’en avoir reçue. Alors il se cantonna dans le château Saint-Ange, où il demeura plus d’un mois, mais ne s’y croyant pas en sûreté, il se retira dans le royaume de Naples auprès du roi de