Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/349

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pendant il ne laissoit pas de vouloir passer pour un homme qui les aimoit, parce que cela fait partie de la grandeur de la cour Ottomane, & y passe pour une marque d’esprit & de galanterie. Un jour ayant fait venir Cesi, il le pria de lui acheter, à quelque prix que ce fût, une des plus belles filles qu’il pourroit trouver. Cesi, qui se faisoit un plaisir de l’obliger, chercha avec soin parmi les esclaves qu’on vend sur les terres du grand-seigneur, & en eut bientôt trouvé une, Russienne de nation, nommée Sciabas, qui fut si agréable à l’Aga, qu’il fit donner à Cesi tout ce qu’il lui en demanda. Aussi étoit-elle d’une beauté surprenante, & elle avoit dans l’air quelque chose de si simple & de si modeste, que l’Aga ne douta point qu’elle n’eût autant d’honnêteté qu’elle faisoit paroître de simplicité & de modestie.

» Il ne fut pas long-tems dans cette erreur. À peine fut-elle dans une maison qu’il avoit hors du serrail, qu’on s’apperçut qu’elle étoit grosse. Cette nouvelle le surprit & le fâcha également. Il voulut savoir le particulier de cette grossesse ; mais quelques efforts