Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/495

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Outre l’opprobre dont ce séducteur les couvrit par son apostasie & ses prédications, il emporta d’eux plus de 1,500,000 livres en argent, en or & en pierreries ; mais il ne jouit pas long-tems du fruit de ses rapines : il mourut quelques années après, dans sa charge de capidgi, & bon Turc, au moins à l’extérieur.

Cet imposteur avoit eu trois femmes ; la troisième étoit une fille débauchée que ses parens avoient laissée en Pologne, sous la conduite d’un seigneur catholique. Il publia que l’esprit du pere, détaché de son corps, avoit passé de l’Asie jusqu’en Pologne, pour requérir sa fille, & la transporter toute nue dans sa maison. Il l’épousa, quoiqu’elle eût couru l’Allemagne, l’Italie, & il eut assez de crédit pour la faire regarder comme la reine de l’empire qu’il devoit conquérir. Le frere de cette femme, qui étoit marchand de tabac à Francfort, quitta sa boutique, & alla trouver son beau-frere, dans l’espérance d’avoir part aux charges de la couronne ; mais il revint, après avoir été nourri, comme les autres, de vaines illusions.

L’exemple de Sabatei prouve, dit M. Basnage, jusqu’où un imposteur peut