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Chap. XIV.

Ô mon âme ! as-tu trouvé ce que tu cherchais ? Tu cherchais à comprendre Dieu, et tu as trouvé qu’il est l’être par excellence, l’être au-dessus et au delà duquel la pensée ne peut rien concevoir ; que cet être est la vie, la lumière, la sagesse, la bonté, l’éternelle béatitude et la bienheureuse éternité ; qu’il est partout et toujours. Si tu n’as pas trouvé le Dieu que tu cherchais, qu’est donc cet être suprême que tu as trouvé et de qui la raison t’a dit avec tant d’assurance : C’est lui ! Si tu as trouvé ton Dieu, pourquoi ne le reconnais-tu pas ? Pourquoi, Seigneur, mon âme ne vous reconnaît-elle pas, si elle vous a trouvé ? Est-il possible qu’elle ne vous ait point trouvé, vous qui vous êtes révélé à son intelligence comme étant la lumière et la vérité ? Comment a-t-elle pu concevoir en vous ces attributs ? comment a-t-elle pu avoir une seule idée de vos perfections, si ce n’est en voyant la lumière et la vérité ? Si donc elle a vu la lumière et la vérité, elle vous a vu, Seigneur ; si elle ne vous a point vu, elle n’a point vu la lumière et la vérité. Mais peut-être ce qu’elle a vu est-il la lumière est la vérité ; et cependant peut-être ne vous a-t-elle point vu encore, parce qu’elle vous a aperçu vaguement, sans vous voir tel que vous êtes.

Seigneur, mon Dieu, vous qui m’avez deux fois créé, dites à mon âme qui vous cherche ce que vous êtes encore, outre ce qu’elle a vu, afin qu’elle puisse vous reconnaître tout entier ! Elle fait effort pour voir quelque chose de plus ; et, au delà de ce qu’elle a aperçu, elle ne voit plus rien que les ténèbres. Que dis-je ? elle ne peut voir les ténèbres dans celui qui est la lumière ; mais elle sent que son aveuglement l’empêche de rien découvrir en vous au delà de ce qu’elle a trouvé. Comment, Seigneur, comment mon âme est-elle aveuglée ? Ses yeux sont-ils trop faibles, ou bien sont-ils éblouis de l’éclat qui vous environne ? Ils sont trop faibles par eux-mêmes, et ils sont encore éblouis par vous. Mon intelligence est bornée, et, de plus, votre immensité l’écrase. Ma raison est déjà si peu de chose, et la grandeur de votre nature ajoute encore à sa petitesse.

Qu’elle est éclatante cette lumière divine qui fait briller toute vérité aux regards de l’esprit humain ! Qu’elle est grande cette vérité éternelle, en qui réside tout ce qui est vrai, tout ce qui est réel, hors de laquelle il n’y a rien que mensonge et néant ! Qu’elle est immense, cette sagesse souveraine, qui d’un coup d’œil embrasse l’univers et tous les secrets de la création ! Quelle splendeur dans cette lumière ! Quelle simplicité dans cette vérité ! Quelle infaillible certitude dans cette sa-