Page:Chefs-d'œuvres des pères de l'église, tome XV, 1838.djvu/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

role vivante, ne peut être autre chose que ce que vous êtes ; il ne peut y avoir en lui rien de plus, rien de moins qu’en vous, puisqu’il est vrai, ainsi que vous. Il est donc, ainsi que vous, la vérité par excellence ; il ne diffère en rien de vous. Votre nature est si simple, si identique à elle-même, qu’elle ne peut rien produire qui soit autre chose que ce qu’elle est.

Ce souverain bien c’est encore le mutuel amour qui vous unit, vous et votre Fils, c’est-à-dire le Saint-Esprit, qui procède de l’un et de l’autre. L’amour qui vous unit tous deux, ou le Saint-Esprit, ne peut être inférieur à vous ni inférieur à votre Fils ; car vous aimez votre Fils en proportion de sa grandeur, et vous vous aimez vous-même en proportion de la vôtre ; votre Fils, à son tour, vous aime en proportion de votre grandeur, et il s’aime lui-même en proportion de la sienne. Le Saint-Esprit ne peut être non plus différent du Père et du Fils, puisqu’il est égal à l’un et à l’autre ; et d’une nature essentiellement simple et identique, il ne peut rien procéder qui soit autre chose que ce dont il procède.

Ce qu’est chacune des trois personnes divines, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, la Trinité entière l’est également ; car chacune de ces trois personnes est une unité simple et indécomposable, laquelle ne peut produire la multiplicité et la diversité en s’ajoutant à elle-même. Or il n’y a qu’un bien nécessaire, et ce bien nécessaire est celui en qui réside tout bien, ou plutôt qui est le bien universel, complet et unique.

Chap. XXIV.

Réveille-toi, maintenant, ô mon âme ! Donne à ta pensée un nouvel essor et cherche à comprendre, autant que tu le peux, la nature et la grandeur de ce bien. Si les biens individuels et finis ont tant de prix à nos yeux, essaie de te faire une idée du bonheur attaché à la possession de ce bien universel et infini qui comprend tous les autres, et qui leur est aussi supérieur que le ciel est supérieur à la terre et le Créateur à la création.

En effet, si la vie créée est une chose bonne, combien la vie créatrice doit être une chose excellente ! si la santé du corps est une source de jouissances, combien doit être pleine de délices cette source salutaire et divine où l’esprit lui-même puise la force et la vigueur ! Si la sagesse humaine est aimable dans la connaissance des choses créées, combien doit être aimable la sagesse suprême qui a tout fait de rien ! enfin, si la possession d’un objet désiré nous cause un si vif sentiment de joie, quels transports ne doit pas faire naître en nous la possession d’un bien qui renferme tout ce qui est désirable !