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Car, selon la pensée où son esprit se plonge,
Sa face, à chaque instant, s'élargit ou s'allonge.
Il se néglige trop, ou se pare à l'excès.
D'état, il n'en a point, ni n'en aura jamais.
C'est un homme isolé qui vit en volontaire ; [25]
Qui n'est bourgeois, abbé, robin, ni militaire ;
Qui va, vient, veille, sue, et, se tourmentant bien,
Travaille nuit et jour, et jamais ne fait rien ;
Au surplus, rassemblant dans sa seule personne,
Plusieurs originaux qu'au théâtre on nous donne : [30]
Misanthrope, étourdi, complaisant, glorieux,
Distrait... ce dernier-ci le désigne le mieux ;
Et tiens, s'il est ici, je gage mes oreilles
Qu'il est dans quelque allée à bayer aux corneilles,
S'approchant, pas à pas, d'un haha qui l'attend, [35]
Et qu'il n'apercevra qu'en s'y précipitant.
Je m'oriente. On a l'homme que tu souhaites.
N'est-ce pas de ces gens que l'on nomme poètes ?
Oui.
Nous en avons un.
C'est lui.
Peut-être bien.
Quoi donc ?
Le personnage en tout ressemble au tien : [40]
Sinon que ce n'est pas Damis que l'on le nomme.
Contente-moi, n'importe, et montre-moi cet homme.
Cherche ! Il est à rêver là-bas dans ces bosquets.
Mais vas-y seul : on vient, et je crains les caquets.