Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/211

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Que l'époux qu'elle aura soit selon son attente ;

Qu'elle n'écoute qu'elle et que son propre coeur,

Sur un choix qui fera sa perte ou son bonheur ; [560]

Qu'elle s'explique enfin là-dessus sans finesse.

Ce lieu rassemble exprès une belle jeunesse,

Vingt honnêtes partis, dont le meilleur, je crois,

Ne refusera pas de s'allier à moi.

Ma fille est riche et belle. En un mot, je la donne [565]

Au premier qui lui plaît ; je n'excepte personne.

LISETTE

Pas même le poète ?

FRANCALEU

Au contraire, c'est lui

Que je préférerais à tout autre aujourd'hui.

LISETTE

Je ne le crois pas riche.

FRANCALEU

Eh bien ! J'en ai de reste.

J'aurai fait un heureux : c'est passe-temps céleste. [570]

Favorisant ainsi l'honnête homme indigent,

Le mérite une fois aura valu l'argent.

LISETTE

Je vois, dans ce choix libre, un contre-temps à craindre,

Qui rendrait votre fille extrêmement à plaindre.

FRANCALEU

Et quel ?

LISETTE

C'est que son choix pourrait tomber très bien [575]

Sur tel qui, sur une autre, aurait fixé le sien ;

Et pour lors il serait moins aisé qu'on ne pense

De ramener son coeur à de l'indifférence.



Scène III

Francaleu, Dorante, écoutant sans être vu que de Lisette ; Lisette.
FRANCALEU

Tu parles juste. Aussi j'ai pris soin de savoir

L'histoire de tous ceux qu'ici j'ai voulu voir. [580]

LISETTE

Et celle du jeune homme à qui l'on donne un rôle,