Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/249

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Songe donc qu'elle porte un poète et sa fortune !

Telle gloire le peut couronner aujourd'hui,

Qui mettrait père et fille à genoux devant lui. [1480]

De ce coup décisif l'instant fatal approche.

L'amour m'arrache un temps que l'honneur me reproche.

Adieu. Que devant nous, tout s'abaisse en ce jour ;

Et que tous nos rivaux tremblent à mon retour !



Scène II

LISETTE

Telle gloire le peut couronner... j'ai beau dire, [1485]

Dorante pourrait bien avoir ici du pire.

Faisons la guerre à l'oeil ; et mettons-nous au fait

De ce coup qui doit faire un si terrible effet.



Scène III

Francaleu, Damis, Lisette.
FRANCALEU, à Lisette, qu'il ne voit que par derrière.

Lucile, redoublez de fierté pour Dorante,

Vous n'êtes pas encore assez indifférente. [1490]

Vous souffrez qu'il vous parle ; et je défends cela

Tout net ! Entendez-vous, ma fille !

LISETTE, se tournant et faisant la révérence.

Oui, mon père.

FRANCALEU

Ah !

C'est toi, Lisette ?

LISETTE

Eh bien ! C'est moi, je tiens parole.

Lui ressemblé-je assez ? Jouerai-je bien son rôle ?

L'oeil du père s'y trompe ; et je conclus d'ici [1495]

Que bien d'autres, tantôt, s'y tromperont aussi.

FRANCALEU, à Damis

Admirez, en effet, comme elle lui ressemble !

LISETTE

Quand commencera-t-on ?

FRANCALEU

Tout à l'heure ; on s'assemble.

Cependant, va chercher ta maîtresse, et l'ins