Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/260

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esse,

Qui peut servir ensuite à vous en détourner,

Lorsque la nôtre va jusqu'à vous pardonner.

Il s'approche enfin d'elle tout transporté.

Je vous pardonne donc, et même vous excuse. [1745]

Lisette est contre moi ; Lisette vous abuse ;

Ce sont ici des coups qu'elle seule a conduits ;

C'est elle qui me met dans l'état où je suis.

LISETTE, sans mettre bas encore l'éventail.

Il est vrai.

DORANTE, se jetant à ses genoux, et lui prenant la main.

C'est assez ! Mon âme satisfaite...



Scène VIII

Lucile, Dorante, Lisette.
LUCILE, haut, du fond du théâtre.

Veillé-je ou non ? Dorante aux genoux de Lisette ! [1750]

LISETTE, baissant enfin l'éventail et se levant.

Lui-même ! Et qui me fait fort joliment sa cour.

À Dorante.

On vous prend sur le fait, monsieur, à votre tour ;

Songez à bien jouer le rôle que je quitte ;

Car vous nous voyez deux que votre faute irrite.

Enfin concevez-vous combien vous vous trompiez ? [1755]

DORANTE

Je croyais en effet, madame, être à vos pieds.

Son habit m'a fait faire une lourde bévue.

LISETTE

Madame, vous plaît-il que je vous restitue

Les fleurettes qu'avant d'embrasser mes genoux,

Monsieur me débitait, croyant parler à vous ? [1760]

N'en déplaise à l'amour si doux dans ses peintures,

Je vous restituerais un beau torrent d'injures.

DORANTE

Eh ! Quel autre, à ma place, eût pu se contenir ?

LISETTE

Je vous devais cela, monsieur, pour vous punir.

LUCILE

Eh quoi ! Dorante, après mille et mille assurances, [1765]

Qui, tout à l'heure encor, passaient vos espérances,

Le reproche et l'injure aigrissaient vos discours,