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L’HÔTEL DE LA ROSE.

des jardins ; ils sont aujourd’hui maison particulière. Ils renfermaient autrefois un riche chartrier, dont les trésors sont déposés aux archives départementales et forment la sixième subdivision de la deuxième série des archives ecclésiastiques.

L’hôtel de la Rose. — Nous sommes arrivés enfin à l’extrémité de cette rue justement appelée la Grande.

A gauche, voici la rue du Petit-Maure. Au 13 novembre 1398, elle s’appelait de la Jabruelhe (de la Jabrouille), sans doute du nom de Jean de la Jabrouille, abbé de Saint-Cyprien en 1229.

Elle prit son nom moderne de l’enseigne de l’auberge du Petit-Maure, située dans son parcours, et où mourut en 1609, le poëte Rapin, enfant de Fontenay. L’honorable illustration de ce Poitevin rejaillit sur notre cité : il lui devait sa science et son goût pour l’étude des lettres.

Une maison neuve, habitée maintenant par un pharmacien, forme l’angle de cette rue du Petit-Maure et de celle de Saint-Étienne. C’était là que se trouvait l’hôtel de la Rose, hôtel qui fut habité par Jeanne d’Arc lorsqu’elle vint à Poitiers, en 1428.

La jeune fille était placée sous la garde de Jean Rabasteau, conseiller au parlement de Poitiers, qui avait mission de veiller sur elle et de l’accompagner partout où besoin serait.

« l’ay ouy dire en ma jeunesse (dit l’annaliste Bouchet) et dès l’an mil quatre « cent quatre vingt et quinze, à feu Christofle de Peyrat, lors demeurant à « Poictiers, et près ma maison, qui auoit près de cent ans, qu’en maditte maison « y auoit eu hostellerie, ou pendoit l’enseigne de la Rose, ou ladite Jeanne estoit « logée, et qu’il la veit monter à cheval, toute armée à blanc, pour aller au dit « lieu d’Orléans, et me montra vne petite pierre, qui est au coing de la rue S. « Estienne, ou elle print auantage pour monter sur son cheual. »

Cette pierre, que la tradition avait protégée depuis, ne put trouver grâce en 1825 devant la pioche des paveurs