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MONTIERNEUF.

gouvernement gravement accusé d’être par trop clérical !!

A cette époque, l’administration militaire avait fort médiocrement aussi le goût artistique et archéologique ; on prétend même que les traditions de cette époque sont encore assez vivantes dans ce corps éminent, mais ce doit être une calomnie.

Malheureusement, des mains des démolisseurs, le temple de Montierneuf dut tomber entre les mains des architectes, et alors, c’était à peu près la même chose.

Sous les auspices de Monseigneur le comte d’Artois, depuis Charles X, et de son auguste fils, qui fournirent une somme considérable (50 000 francs), Montierneuf restauré — comme on restaurait en 1817 — put offrir un temple spacieux à la paroisse la plus pauvre de la ville ; mais il ne lui rendit pas sa vieille basilique romane avec ses sculptures sévères et originales, avec ses chapiteaux variés, dont on peut voir encore de gracieux échantillons joncher le sol qui précède le temple. L’ornementation uniforme des chapiteaux restaurés, les oves et les arcs grecs remplaçant les feuillages et les entrelacs du moyen âge, les mauvaises fresques qui ont la prétention de singer de l’architecture en relief là où le sculpteur n’a jamais porté le ciseau, les chapelles à retables et à frontons grecs, tout cela défigure malheureusement cette belle basilique.

Ajoutez à cet affront moderne celui qu’a reçu le fondateur de l’abbaye, grâce à la ciselure d’un artiste poitevin qui n’a pas craint de graver son nom sur cette tombe quasi-royale, et vous déplorerez le sort qui, restituant au culte vingt ans trop tôt un monument défiguré, n’a pas pu le placer sous la sauvegarde des pasteurs éclairés qui le gouvernèrent plus tard.

Le 8 juillet 1822, la sépulture de Guillaume, fondateur de l’abbaye, a été retrouvée après quelques recherches auxquelles présidaient les autorités religieuses et civiles. Le lieu de cette découverte fut alors indiqué par une dalle avec inscription au milieu de la grande nef.

Le corps du duc reposait dans un sarcophage en pierre de deux mètres de long, fort épais et creusé à une