Page:Chevalier - L'Economie politique et le socialisme, 1849.djvu/11

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s’assigne à elle-même, quelle est la nature de l’action qu’elle prétend exercer. Et peut-être n’en faudrait-il pas davantage, si un exposé pareil était bien fait, pour lui concilier une partie de ses adversaires eux-mêmes, car ces adversaires, je n’en doute point, ne recherchent que la vérité.

L’économie politique, s’écrient ceux qui se sont portés ses antagonistes, prend sous sa protection l’égoïsme, puisqu’elle reconnaît l’intérêt personnel comme un mobile légitime, et lui accorde un rôle important. Elle est sans cœur ni entrailles ; elle ferait volontiers l’apothéose de la cupidité la plus insatiable et la plus barbare, car est-ce que la concurrence est autre chose ? Elle classe parmi ses autorités Malthus, dont la doctrine repose sur un principe cruel, car il a dit à une partie des membres de la famille humaine qu’ils étaient de trop au banquet de la vie. L’économie politique, poursuivent-ils, est hostile au pauvre et courtise le riche. Toutes les tendresses qu’elle peut avoir, elle les réserve pour le capital, qui est l’agent de l’exploitation de l’homme par l’homme. Non-seulement elle est impuissante à donner du soulagement au grand nombre qui souffre, mais elle insulte à la misère du malheureux ; quand on la presse de s’expliquer sur les procédés qu’elle recommanderait pour l’avancement de la société, dans le nombre et avant tout c’est l’épargne et la tempérance qu’elle indique, l’épargne à ceux qui n’ont rien, la tempérance à des gens qui meurent de faim !

S’il y a dans cet auditoire, ce qui est possible, des personnes qui n’aiment pas l’économie politique, elles trouveront, je m’en flatte, que je viens de reproduire les reproche qu’ils lui font, sans tempérer en rien la rigueur de leur langage.

Examinons donc si ces plaintes véhémentes sont fondées ; cherchons si l’économie politique a les mauvais penchants qu’on lui suppose, et si c’est bien à elle qu’il