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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/137

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Averti par sa maîtresse de ce qui se complotait contre lui, le jeune homme cessa de la voir à Caughnawagha.

Les Iroquois n’en demandaient pas davantage. Pourvu que les Visages-Pâles n’apportent pas le désordre chez eux, ils sont satisfaits. Au dehors, leurs squaws sont à peu près libres d’agir comme il leur plaît. Rarement un père ou un mari prendra souci des débordements de sa femme ou de sa fille, s’ils ont lieu à distance du village ; et je l’ai dit, celles-ci jouissent avec usure de cette liberté.

Pour en revenir à sir William, craignant de se faire voir, il s’était caché dans une saussaie sur le bord du fleuve. Là, il avait allumé un cigare et se félicitait sincèrement d’avoir échappé au danger de traverser Caughnawagha.

— C’eût été épineux, très-épineux, by jove, murmura-t-il, en se noyant dans un nuage de fumée bleuâtre.

Par malheur, il comptait sans les Indiens qui l’avaient amené avec les dames de Repentigny.

Reconnu par ceux-ci, qui étaient des ennemis de Mu-us-lu-lu, il ne devait pas échapper au châtiment dont on l’avait menacé.

Dès qu’ils eurent amarré leur canot au rivage, ils volèrent aux premières maisons et annoncèrent que l’Habit-Rouge était au village. Il avait, ajoutèrent-ils, un rendez-vous avec sa maîtresse, car il l’attendait dans un bouquet d’arbres, près de la baie.

La nouvelle se répandit avec la célérité de l’éclair.