Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/134

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Le Roman anglais de Notre Temps expérience de la mer, et à son génie compréhensif. Il l'a vivifié, pénétré de tout ce qu'apportait la théorie littéraire de Henry James. Il en a fait quelque chose de supérieur et de nouveau. L'art de Joseph Conrad est plus profond et plus fertile que celui des conteurs qui l'ont précédé. II appartient à une autre génération, à une autre race. Quand le mouvement romantique et romanesque suscité par Stevenson eut épuisé sa force, vers 1904, Conrad l'avait déjà élargi, transformé. Il avait introduit dans la fiction d'aventures un élément psychologique et sym- bolique qui l'a renouvelée, des procédés nouveaux de composition et de récit qui en ont fait un genre sans précédent. Entre la mort de Stevenson (1894) et le plein dé- veloppement littéraire de Joseph Conrad (qui date de Nostromo, 1904), un groupe d'écrivains, diversement et remarquablement doués, perpétuaient, qui la manière et "? qui l'esprit de Stevenson. Chacun d'eux a son indivi - b dualité très précise. Aucun n'est imitateur. Mais ils ont ceci de commun qu'ils ont tous maintenu au premier plan le romanesque dans le roman et fait prédominer le récit sur l'intention. Il est facile, au nom d'un intellectualisme qui se prétend supérieur, de railler et de dénigre r ce . genre littéraire. II n'en répond pas moins à l'un des in- stincts les plus naturels, celui du mystère et de l'action, et satisfait au moins, aussi légitimement que les bavardages psychologiques ou les dissertations sociales, certaines des aspirations de l'humanité. Le roman, Dieu merci, n'est pas fait exclusivement pour les professeurs et les cri- tiques. Vers 189a et 1893, M. Edmund Gosse et M. Saintsbury prédisaient la fin prochaine des modes purement littéraires et la répercussion, le prolongement de la fiction d'aven- j a ,tiz B dbvG00gle

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