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446 FAUX NIMËROS

veaux Sosies, chacun prétend être le vrai ; et telle est l'assurance de leur ton, qu'à la lecture de leur barbouillage je me tâte souvent le pouls pour m'as- surer si je ne rêve pas. Quoi qu'il en soit, depuis le 22 janvier, jour à jamais mémorable dans les fastes de la Révolution, jour également signalé par l'audace avec laquelle le ministre des finances (Necker) entreprit d'enchaîner les écrivains patriotes en m'im- molant ; par la lâche complaisance avec laquelle le chef de la municipalité (Bailly) , le commandant de la garde parisienne (Lafayette), le Châtelet, se prê- tèrent h ses vues criminelles ; par le zèle avec lequel les bons citoyens s'opposèrent à. cet attentat, j'ai gardé un triste silence ; et de tant d'écrits dont on me fait le père, il n'est sorti de ma plume que mon Appel à la nation, ma Lettre sur l'Ordre judiciaire et ma Seconde Dénonciation contre M. Necker.

w Dès lors, combien de fois n'ai-je pas déploré la perfidie des ennemis de la liberté, qui m'avaient ôté les moyens de servir la patrie? Combien de fois n'ai-je pas désiré que quelque homme estimable, aussi zélé, mais plus habile que moi, continuât l'Ami du peuple? L'entreprise n'était pas sans attraits. A peine les scellés furent-ils posés sur mon impri- merie, que plusieurs intrigants, non moins ineptes qu*effrontés, bien sûrs que je n'irais pas leur inten- ter procès, profitèrent de la vogue de ma feuille pour en faire une spéculation de lucre. Qu'attendre de ces vils antagonistes, qui ne se lassent pas de