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DU JOURNAL DB MARAT. 447

réclamer Tun contre Tautre à la tête de chaque numéro, et de se donner chacun effrontément pour l'auteur original ? II m'est tombé sous la main une quinzaine de leurs feuilles; je ne puis que plaindre la patrie d'avoir de pareils champions, et le public d'avoir de pareils écrivains. Parcourez leurs misé- rables productions, vous n'y trouverez ni vues, ni observations, ni jugement, ni style; passe encore pour leur ineptie, s'ils connaissaient les bienséances; mais le ton qui règne d'un bout à l'autre est fait pour révolter tout lecteur honnête. Barbouilleurs impitoyables, ils rassemblent gauchement quelques phrases de F Ami du peuple, qu'ils cousent à leur manière, et qu'ils rabâchent à chaque page. Ne pou- vant être piquants, ils s'efforcent d'être scandaleux ; ils vomissent de grosses injures contre les malversa- teurs publics, et se croient de l'énergie quand ils violent sans pudeur les premières règles de la décence. Pantalons travestis en politiques, ils dis- putent aux harengères le jargon des halles. Du moins, lorsque l'ami du peuple se livrait à «on zèle, s'il lui échappait quelques duretés, elles lui étaient arrachées par l'amour de la patrie, elles étaient l'expression de ses vives alarmes.

« Enfin ce qu'il y a de comique, c'est de voir ces turlupins forcenés tenir correspondance en mon nom, s'ériger en censeurs, invectiver celui-ci, louanger celui-là, et me faire tous les matins quel- ques affaires avec des inconnus.