Page:Chevremont - Marat, index du bibliophile et de l’amateur de peintures, gravures, etc., 1876.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous nous mîmes donc en quête d’un libraire dont la réputation politique semblait nous promettre des merveilles dignes de notre ambition. Laverdet, un éditeur populaire de 1830, le publicateur d’écrits républicains qui plus d’une fois, sous Louis-Philippe, lui valurent la prison, nous semblait être celui qui devait nous faire connaître et nous ouvrir les trésors d’une bibliographie dont nous n’avions jamais vu ni entendu le premier mot. Nous nous rendîmes donc chez lui, le gousset toujours peu garni, hélas ! mais nous promettant force travail, force sacrifices pour arriver à notre but.

Qui des hommes de cinquante à soixante ans, pour peu qu’ils se soient occupés de politique ou d’histoire, n’a connu cette librairie primitive qui ressemblait plutôt à un immense déballage de vieux bouquins qu’à une véritable librairie. L’effet, toutefois, répondait à notre attente, et la vétusté des marchandises semblait mieux cadrer avec la pénurie de nos finances. Dans notre imagination, cet entassement devait receler dans ses coins poudreux les témoignages toujours vivaces de nos glorieux pères de 92 et de 93 : Convention, clubs, sociétés populaires, tribuns, citoyens, publicistes, tout était là et allait surgir de ces innombrables brochures.

Le cœur serré par une certaine inquiétude à l’endroit de nos ressources, nous nous hasardons à demander les Œuvres de Marat. — Les Œuvres de