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PREMIÈRE PARTIE.

faculté de tourner, en agissant sur elles comme l’aimant agit sur un morceau de fer (et j’ajoute sur un morceau de fer doué de la force coercitive à l’égard du magnétisme).

Ces critiques sont parfaites et justifient le jugement que nous avons porté de l’esprit du père Lebrun. Il ne s’en tient pas là ; il attribue la comparaison de la baguette avec une aiguille de boussole à une préoccupation de l’abbé de Vallemont qui, un an avant sa théorie de la baguette divinatoire, avait publié un Traité de l’aimant de Chartres, et à l’appui de son opinion il emprunte le passage suivant au livre de la Recherche de la vérité, du père Malebranche :

« Un auteur s’applique à un gente d’étude ; les traces du sujet de son occupation s’impriment si profondément et rayonnent si vivement dans tout son cerveau, qu’elles confondent et qu’elles effacent quelquefois les traces des choses même fort différentes. Il y en a eu un, par exemple, qui a fait plusieurs volumes sur la croix, cela lui a fait voir des croix partout ; et c’est avec raison que le père Morin le raille de ce qu’il croyait qu’une médaille représentait une croix, quoiqu’elle représentât tout autre chose. C’est par un semblable tour d’imagination que Gilbert et plusieurs autres, après avoir étudié l’aimant et admiré ses propriétés, ont voulu rapporter à des qualités magnétiques, un très-grand nombre d’effets naturels qui n’y ont pas le moindre rapport. » (Liv. II, p. 2, ch. II.)

98. Les critiques précédentes portent sur les mou-