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enfans d’Israël. Alors tout te monde s’empressa de le transcrire et de l’expliquer par tout afin d’empêcher qu’on n’oubliât la loi orale[1]. » Dans la préface de l’Ordre Zeraïm Maimonides ajoute que Juda se détermina à écrire la Mischna parce qu’il voyait que le nombre de ses disciples diminuait chaque jour tandis que les calamités augmentaient, et que le royaume de l’impiété (le christianisme) se propageait de plus en plus. Il aurait donc tâché d’opposer ce corps de traditions aux progrès du christianisme.

Presque tous les historiens juifs placent le temps pendant lequel vécut et écrivit Juda le Saint entre l’an 190 et 220 de l’Ère chrétienne[2]. Mais quelques écrivains non-Juifs à la tête desquels est Jean Morinus soutiennent que la Mischna a dû être recueillie vers la fin du cinquième siècle, parceque les pères de l’Église n’en font pas mention et que seulement on en parle, pour la première fois, dans un arrêt de Justinien qui en défend la lecture pendant le sixième siècle[3]. Nous n’hésitons pas de préférer, dans cette question, l’avis des premiers à celui des seconds.

1o . Parceque St . Épiphane et St . Jérôme ont parlé des traditions judaïques de manière à faire supposer qu’ils ont eu quelques notions de la Mischna[4].
  1. Josua Hallevî ajoute (ib.) que Juda le Saint rassembla tous les Docteurs contemporains pour profiter de leurs lumières et qu’il écrivit les traditions sur lesquelles ces docteurs furent unanimes, en termes généraux, sans indiquer leurs auteurs ; tandis qu’il indiqua les noms des auteurs de toutes les traditions controversées.
  2. Voy. Chalchelet Hakkabbala et Sepher Juhasin.
  3. Cet arrêt se trouve dans la novella 146 et porte comme il suit : Nous défendons la lecture du Livre appelé seconde loi, qui n’a aucun fondement dans les livres sacrés et qui ne vient pas du ciel, c’est-à-dire des prophètes ; mais qui a été forgée par des hommes dépourvus de toute assistance divine.
  4. Nous avons déjà rapporté ci-dessus le passage de St . Épiphane. Quant à St . Jérôme il nous suffira de citer ici l’allusion qu’il paraît faire à un recueil de traditions tel que celui de Juda par ces paroles (Quaest. X. in Epist. ad Algasiam) ; Quantae traditiones Pharisaeorum sint, quas hodie vocant δευτερώσεις et quam aniles fabulae, evolvere nequeo : neque enim libri patitur magnitudo, et pleraque tam turpia sunt ut erubescam dicere.