Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/274

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entretenait avec elle, & où celle-ci raconte sur elle-même, & dans le style le plus libre, les anecdotes les plus scandaleuses.

On ajoute que Danceny, dans sa première indignation, a livré ces lettres à qui a voulu les voir, & qu’à présent elles courent Paris. On en cite particulièrement deux[1] : l’une où elle fait l’histoire entière de sa vie & de ses principes, & qu’on dit le comble de l’horreur ; l’autre qui justifie entièrement M. de Prévan, dont vous vous rappelez l’histoire, par la preuve qui s’y trouve qu’il n’a fait au contraire que céder aux avances les plus marquées de madame de Merteuil, & que le rendez-vous était convenu avec elle.

J’ai heureusement les plus fortes raisons de croire que ces imputations sont aussi fausses qu’odieuses. D’abord, nous savons toutes deux que M. de Valmont n’était sûrement pas occupé de madame de Merteuil, & j’ai tout lieu de croire que Danceny ne s’en occupait pas davantage : ainsi il me paraît démontré qu’elle n’a pu être, ni le sujet, ni l’auteur de la querelle. Je ne comprends pas non plus quel intérêt aurait eu madame de Merteuil, que l’on suppose d’accord avec M. de Prévan, à faire une scène qui ne pouvait jamais être que désagréable par son éclat, & qui pouvait devenir très dangereuse pour elle, puisqu’elle se faisait par là un ennemi irréconciliable d’un homme qui se trouvait maître d’une partie de son secret, & qui avait alors beaucoup de partisans. Cependant, il est à

  1. Lettre LXXXI et LXXXV de ce recueil.