VOici la pleine lune ; & ſi elle nous eſt favorable, ſi le vent ne change point, nous ſerons à Batavie avant la fin du mois. Il eſt déja un peu changé. Il vient du Sud : tant mieux, pourveu qu’il demeure-là. Nous allons au Nordeſt : vent largue ; & à midi nous eſtions à 28. degrez & demi de latitude, & à 106. de longitude. Il me ſemble que je vous entens. M. l’Abbé Michel, je vous prie, apportez ma Carte : voyons où ſont ces pauvres gens ; ou plutôt, voyons où ils eſtoient à deux heures aprés midi du 16. Juillet 1685. Ils n’eſtoient pas à cinq cens lieues de l’Iſle de Java.
LE vent eſt devenu Sueſt : nous ne laiſſons pas d’aller à la route, mais il faut aller au plus prés. On a tenu conſeil de pilotes pour regler la route. Quelques-uns ont eſté d’avis de faire l’Eſt tant que l’on pourroit, & d’aller reconnoître la terre d’Endrach, pour décendre enſuite le long de l’Iſle de Java, dans le détroit de la Sonde ; & leur raiſon eſt qu’en ce temps-ci, il regne des vents d’Eſt, & que quand ils ſont venus, il eſt difficile de gagner le détroit de la Sonde, ſi on ne ſe trouve à la hauteur de Java. Mais leur avis n’a pas eſté ſuivi, parce que ces terres d’Endrach ſont
