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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/161

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du Voyage de Siam.

merce avec perſonne : on leur rend leurs mâts & leurs voiles, & ils reviennent à Batavie. Il eſt aſſez bon de remarquer que les Japonnois ne veulent point que le Chef ou Préſident du contoir Hollandois y demeure plus d’un an : & à cauſe de cela on nomme toujours à Batavie trois Préſidens du contoir du Japon, un qui y eſt actuellement, un qui eſt en chemin pour y aller, & l’autre qui ſe repoſe à Batavie ; & le même y peut retourner pluſieurs fois, pourveu qu’il ait eſté deux années dehors. Ce ſont des manieres un peu dures pour une nation ſi puiſſante aux Indes ; mais ils en ſouffriroient encore davantage par l’eſpoir du gain. Quarante mille écus de marchandiſe leur vallent au moins cent mille écus en or ; & cét or qui eſt fort bon, ils le reportent ſur les côtes de Bengale où le profit eſt encore plus grand. Pour le Préſident, il peut dans ſon année, en vivant comme un Capucin, gagner cent mille écus. Contez, je vous prie, que je n’exagère point, & que j’aime mieux dire moins que plus : je ſuis toujours en garde là-deſſus.

Je ſuis revenu à bord ce matin, parce que demain à la pointe du jour, s’il plaît à Dieu, nous mettrons à la voile.

Il eſt encore venu ce ſoir deux bateaux chargez de rafraîchiſſemens de la part de M. le Géneral : on ne peut rien ajouter à ſes honnêtetez.

V