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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/217

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du Voyage de Siam.

ont ici ; les ſerruriers ſont habillez de ſoie. M. l’Ambaſſadeur a quatre ou cinq habits dorez : ce ſeroit beaucoup à Londres ou à Madrid ; on dit qu’ici il faudroit en changer tous les jours.

Enfin le cortege finiſſoit par les balons de toutes les nations. Voilà la marche par eau, qui avoit quelque choſe de fort ſingulier. Tous ces balons du Roi eſtoient dorez, & avoient des clochers d’un ouvrage fort délicat & fort doré. Il y avoit ſoixante hommes de chaque côté avec de petites rames dorées, qui toutes en même temps ſortoient de l’eau & y rentroient : cela faiſoit un fort bel effet au ſoleil.

La loge des Hollandois, & un vaiſſeau Anglois nous ont ſaluez en paſſant de tout leur canon ; & ce qui ne s’eſt jamais fait dans la capitale d’un royaume, le Roi préſent. La fortereſſe a tiré plus de vingt coups de canon : le vaiſſeau François a auſſi tiré plus de vingt coups. Il avoit emprunté des perriers, & faiſoit le plus de bruit qu’il pouvoit. Enfin, on a fait des honneurs à M. l’Ambaſſadeur qu’il n’euft jamais oſé demander.

En mettant pié à terre, M. l’Ambaſſadeur a pris la Lettre du Roi, & l’a miſe ſur un char de triomphe encore plus magnifique que le balon. Il eſt enſuite monté dans une chaiſe découverte dorée, portée par dix hommes. Il avoit à ſes deux cotez deux Oyas, auſſi dans des chaiſes ; & je le ſuivois auſſi dans une chaiſe portée par huit hommes. Je

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