HO que je ferois embaraſſé, ſi M. Conſtance ne m’avoit promis de me donner une relation bien éxacte de tout ce que nous venons de voir ! Nous venons du palais : c’eſt un furieux terrain, j’en aurai auſſi le plan. Il y a dans l’enceinte cinq ou fix palais avec de grandes cours, entourées de corps de logis ſéparez, qui tous ſont couverts de calin, qui eſt une eſpece d’étain ſonnant, fort luiſant ; & au haut de chaque corps de logis eſt une piramide dorée. M. Conſtance a mené M. l’Ambaſſadeur par tout. Il s’eſt trouvé par bonheur que ce matin juſtement quand nous ſommes entrez dans le palais, le Roi a eu envie de voir un combat d’éléphans. Il y a deux hommes ſur chacun qui les excitent ; & ils ont de gros cables aux jambes de derriere pour les retirer, quand ils ſe ſont donnez quelque coup de dent ou de trompe. Une vingtaine d’eſclaves ſont attachez à ces cables, & les obligent de ſe ſeparer en reculant. Ils font des efforts effroyables, & quelquefois rompent leurs cables. Quand cela arrive, on lâche une fémelle, qui vient mettre ſa trompe entre-deux ; & auſſitôt, quelques acharnez qu’ils ſoient, ils ſe ſéparent par reſpect pour les dames. Aprés le combat il vient des eſclaves, rampans tout du long de la cour, leur apporter des cannes de ſucre, & de l’eau pour ſe rafraî-
