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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/256

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Journal

payoient au Roi certain petit tribut, pour avoir permiſſion de parler au diable. Cela pouvoit monter à ſix cens écus par an. M. Conſtance propoſa d’abord à ſa Majeſté de les chaſſer ; & n’ayant pu y réuſſir, il propoſa d’augmenter le tribut : ce qu’il a fait juſqu’au point de leur faire payer préſentement ſeize mille écus ; & la ſomme eſt il exorbitante, qu’ils commencent à déſerter.

8. Novembre.

LE Roi eſt parti ce matin en balon pour Louvo. Il y a douze grandes lieuës d’ici. Il y paſſe tous les ans ſept ou huit mois ; & il s’y fait une grande ville. On dit qu’il y mene une vie plus commode qu’ici. Il ſort tous les jours, va à la chaſſe, & eſt plus viſible. M. Conſtance, qui eſt l’ame des affaires, n’ira que dans trois ou quatre jours ; quand nous aurons achevé les préſens, que le rôle en ſera fait, qu’ils ſeront emballez, & envoyez aux vaiſſeaux. Il y aura un prodigieux nombre de balots, & bien plus qu’en venant : auſſi y aura-t-il plus de place à fonds de cale. Nous avions pour un an de vivres ; & il n’y en aura que pour ſix mois. M. l’Ambaſſadeur ira à Louvo avec M. Conſtance.

Aujourd’hui s’eſt fait le mariage d’un François ſubalterne de la Compagnie, avec la fille d’un Portugais Capitaine de navire. Le François ſe nomme M. Coche ; & le Portugais Jean d’A-

breo,