Aller au contenu

Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
Journal

Sa Majeſté eſtoit dans un fauteuil de tambaque ; M. l’Ambaſſadeur ſur ſon placet, M. l’Evêque à ſa droite, & moi à ſa gauche. Tout s’eſt paſſé au contentement réciproque des parties ; & comme vous eſtes honnête homme, je m’en vais vous dire toutes les choſes qui ne ſont pas d’une extrême conſéquence. Aprés avoir parlé amplement d’affaires, le Roi a dit que tous les Rois ſes voiſins lui demandoient ſon amitié ; mais qu’il faiſoit une extrême différence d’eux au Roi de France : que la plûpart ne ſongeoient qu’à leur intérêt ; au-lieu que le Roi de France dans les propoſitions qu’il lui faiſoit, ne pouvoit avoir en veuë que le bien du Roi & du royaume de Siam : que par là il le regardoit comme ſon bon voiſin, & tous les autres comme s’ils eſtoient au bout du monde. Il a dit enſuite qu’il aimoit fort feu M. d’Héliopolis ; que le voyant vieux & caſſé, il avoit fait tout ce qu’il avoit pu pour l’empêcher d’aller à la Chine. M. l’Ambaſſadeur a réſpondu que les Miſſionnaires Chrétiens ſe ſacrifioient volontiers pour la gloire de leur Dieu. Sa Majeſté a repris que M. de Métellopolis & tous les Miſſionnaires François avoient deux choſes en veuë, l’avancement de leur Religion, & la gloire de leur Roi. Il a dit que M. d’Héliopolis ſeroit rajeuni de dix ans, s’il avoit veu arriver à Siam un Ambaſſadeur de France. Enſuite M. l’Ambaſſadeur lui a fait les complimens de Mon-

ſieur.