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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/316

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Journal

riere M. l’Evêque. L’audiance s’eſt paſſée en complimens ; toutes les affaires eſtoient réglées. Le Roi a fait apporter une grande boſſette d’or telle que la portent les ſeuls Oyas, qui ſont les Ducs & Pairs Siamois ; & en a fait préſent à M. l’Ambaſſadeur, comme le plus grand honneur qu’il lui pouvoit faire. Il a donné à M. l’Abbé de Lionne & à M. Vachet à chacun un crucifix d’or & des habits, & nous a ſouhaité un heureux voyage ; le tout avec un viſage riant qui gagne les cœurs. Pour moi, j’ai ſenti je ne ſçai quoi en le quittant. Dieu veuille que nous nous revoyions en paradis. Le pauvre Prince parle toujours de Dieu, & par ſes vertus morales ſemble mériter que ce Dieu de miſéricorde acheve de l’éclairer. Il eſt en bon train : il va avoir des conférences avec M. l’Evêque. Nous partons avec eſpérance.

Aprés l’audiance M. Conſtance nous a mené dans une ſalle toute entourée de canaux & de fontaines, où le dîné a eſté bon & long. Il y a eu plus de dix ſervices. Le Roi y a envoyé des plats de ſa table, nous exhortant à faire bonne chere.

Aprés-dîné M. l’Ambaſſadeur a choiſi deux petits éléphans de poche, qui peſent bien chacun, une demi-douzaine de beufs : ils nous embaraſſeront beaucoup. J’ai oublié à vous dire qu’à la derniere chaſſe le Roi dit à M. l’Ambaſſadeur, qu’il vouloit envoier un petit éléphant à Mon-