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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/332

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Journal

c’eſt Poltimont. J’ai quitté la plume pour l’aller voir : cela vient bien, en cadence. L’air eſtoit embrumé, on ne voyoit pas à cent pas ; & juſtement le ſoleil en ſe couchant s’eſt montré, & a diſſipé le nuage qui couvroit Poltimont : tout le reſte de l’horiſon eſt demeuré dans l’obſcurité. Cela aſſure notre route. Qu’il vente tant qu’il voudra : nous ſçavons où nous ſommes, & nous irons toute la nuit,

31. Decembre.

MA tête commence à ſe remettre ; & bientôt je vous dirai choſes nouvelles & rares des Royaumes de Siam, de Tonquin, & de Cochinchine. Je me fuis appliqué à ces trois païs autant que j’ai pu. J’en ai tiré des mémoiresde différentes perſonnes, & je m’en vais m’appliqfter à les rédiher : ce ſera ſans beaucoup de peine. Notre premier Ambaſſadeur a fait quinze ans durant toutes les affaires de Siam ſous le Barkalon ſon frere : il a de l’eſprit & de la capacité. Le ſecond Ambaſſadeur a eſté deux fois à la Chine. Le troiſiéme a eſté auſſi chez le Mogol. Je les queftionnerai à loiſir l’un aprés l’autre, & ſuivant votre louable coutume, je tâcherai de les éventrer.

Nous allons bien. Il pleut toujours. Poltimont eſt bien loin ; & demain, s’il plaît à Dieu, nous paſſerons la ligne. Me voici tout racoutumé à la mer. J’en ai eſté quitte pour deux jours de diette.