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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/347

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du Voyage de Siam.

19. Janvier.

TOus les jours tous les Mandarins Officiers s’aſſemblent dans une ſale dans la cour du palais. Chacun de ceux qui ont quelque requête à préſenter ſe tient à la porte ſa requête à la main : Ils entrent enſuite, & préſentent leurs requêtes. Les étrangers les préſentent au Barkalon qui jugent toutes leurs affaires, ou à ſon Lieutenant. Ceux qui ont des affaires touchant les tailles & tributs, les préſentent à l’Officier qui les doit juger. Aprés que les affaires ſont diſcutées, on le fait ſçavoir aux Officiers du dedans du palais, qui en avertiſſent le Roi. Sa Majeſté ſort ſur un trône élevé de trois braſſes. Tous les Mandarins ſe profternent la face contre terre : & alors le Barkalon, ou quelqu’un des premiers Ok-ïas rapporte au Roi le jugement des principaux procès ; & ſa Majeſté le confirme ou change ſelon ſa volonté. Quelquefois le Roi ſe fait rapporter certains procès au dedans du palais, & fait écrire ſon arreſt qu’il envoye publier au dehors.

Le Roi eſt trés-abſolu : il eſt proprement le Dieu des Siamois : perſonne n’oſeroit prononcer ſon nom. Il châtie très-ſévérement la moindre faute, ſes ſujets voulant eſtre traitez rudement. Les châtimens ordinaires ſont des coups de rote, trente ou quarante ſelon la grandeur du crime. Il fait auſſi piquer la tête avec un ſabre ;

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