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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/367

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du Voyage de Siam.

mine de plomb, & une grote très-profonde, d’où on tire tous les trois ans une quantité prodigieuſe de ſoufre. Il y a auſſi du vif argent.

Je m’en vais, pendant que je ſuis en train, vous expédier la Cochinchine. Elle a à l’orient la mer, au ſeptentrion le Tonquin, à l’occident les barbares Ké-moï, & au midi le royaume de Chiampa. Il y a de grandes montagnes vers le ſeptentrion, où aprés avoir marché cinq jours, on trouve le royaume de Thiem, qui a un Roi particulier de Laos : c’eſt-là que ſe retirent les Cochinchinois fugitifs.

La Cochinchine a cent dix lieuës de long du ſeptentrion au midi, & dix, vingt, ou vingt-cinq de large. Il y a dix ou douze lieuës de barbares Ké-moï qui payent tribut au Roi de Cochinchine. Ces Ké-moï n’ont ni roi, ni religion. Ils n’ont point d’idoles, & adorent le ciel. Ils ſont preſque tous ſorciers, ou tâchent de l’eſtre pour empêcher les éléphans & les tigres de les dévorer. Ils ſément du ris qui eſt trés-bon, & mangent le gibier qu’ils tuent avec leurs fleches. Toutes les eaux de leur païs font mourir les étrangers qui en boivent ; ce qui empêche les Miſſionnaires d’y aller.

Il y a pluſieurs Rois tributaires de Cochinchine. Le Roi de Chiampa lui paye deux éléphans, cent bufles, cent beufs, cinq cens pieces de toiles, & tout le bois de Calamba, & d’Aigle, avec toute