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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/37

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du Voyage de Siam.

tre ouverte, de peur du ſerein, qui ſans façon rend un homme paralitique ; & quand elle eſt fermée on creve. Je me ſuis relevé pluſieurs fois pour prendre l’air. C’eſt une maniere de chaud qu’on ne connoît point dans votre Europe ; on ne ſçait que faire, ni où ſe mettre. Il a fait ce matin une petite pluie : j’eſtois ravi de me ſentir un peu mouillé. Mais on m’a dit que ces petites pluies engendrent des vers : je rentre d’abord dans ma coquille. Meſſieurs de la Maligne ſe font approchez fort prés : ils ſont tous gaillards, mais ils n’ont plus que quatre moutons ; les autres font morts. C’eſtoit de méchans moutons de Breſt : les nôtres ſont de la Rochelle, & ſe moquent de la tangue & du roulis.

La hauteur eſt de 5. degrez. Nous faiſons un petit degré par jour : nous n’en demandons pas davantage, juſqu’à ce que la ligne ſoit paſſée. Un de nos pilotes s’eſt aviſé qu’il y a ſur notre route, à quatre degrez de la ligne, une petite Iſle, qui n’eſt qu’une roche de trois lieuës de long à fleur d’eau ; & comme nous eſtions à midi à 5. degrez, on pouvoit craindre pendant la nuit d’aller ſe briſer contre la roche. Là-deſſus on a fait le ſignal à la Maligne d’arriver. M. Joyeux qui a eſté aux Indes, a eſté conſulté ; & ſa réſolution a eſté priſe de mettre à la cape à minuit, & d’attendre le jour pour ſuivre la route, ſans craindre la roche, qu’on reconnoît de loin aux briſans de la mer.

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