Aller au contenu

Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
365
du Voyage de Siam.

qu’ils uſent dans leurs exercices ; & quand ils ſont en corps d’armée le Roi leur fournit tout. Il eſt bon de remarquer qu’on ne leur fournit que le ſalpêtre, ſoufre, charbon, plomb en maſſe, & des outils pour travailler eux-mêmes leur poudre, & leurs balles ; ce qui les rend plus habiles que tous les autres peuples de l’Aſie à rafiner la poudre.

Les habits des ſoldats le jour d’une reveuë ou d’un combat ſont magnifiques : chaque compagnie eſt de même parure, ou ſatin rouge, ou vert, ou jaune. Les gardes du Roi & des Princes ont des habits de velours avec des armes d’or ou d’argent. Pour les oſſiciers, ils ſont plus ou moins magnifiques ſelon leur dignité.

Il n’y a jamais eu de cavalerie en Cochinchine : mais depuis quelques années ce Roi-ci en veut avoir, & a déja deux compagnies de cinquante hommes chacune. Il fait chercher des chevaux par tout, & les fait dreſſer.

Quand un ſoldat a mérité la mort pour crime de leze-majefté, on ne lui coupe pas la tête comme aux autres Cochinchinois : chaque ſoldat de ſa compagnie eſt obligé de lui couper un morceau de chair, & de la manger ; & comme cela fait horreur, ils cachent un petit morceau de pourceau qu’ils mangent, aprés avoir mis en pieces leur camarade.

Le Roi, & tous les grands officiers ont ſoin de faire bien élever les enfans des ſoldats. Ils ont

Z z iij