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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/74

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Journal

ont envie de m’envoyer promener avec ces belles conſolations qu’ils ont peine à goûter. Le Pere de Fontenei continue à expliquer la ſphere : il nous a montré ce matin bien clairement pourquoi on trouvoit ſi aiſément la latitude, & ſi impoſſiblement la longitude. J’ai cru dans la diſpute l’avoir trouvée cette longitude : mon raiſonnement eſtoit bon, j’allois au but ; mais par malheur prés du port j’ai fait naufrage. Il s’eſt rencontré une petite difficulté inſurmontable. Sans cela je vous envoyois ma procuration pour toucher les cent mille écus que les Hollandois ont promis à celui qui trouvera les longitudes.

27. Mai.

IL vint du vent hier au ſoir : nous allons à la bouline ; & comme notre vaiſſeau eſt fort large, il ne va pas trop bien au plus prés, & dérive plus que de raiſon. On a veu ce matin des troupes de petits oiſeaux : les Damiers ſont revenus. Le vent eſt fort, & la mer n’eſt point agitée : ce qui fait croire que c’eſt un vent de terre. Meſſieurs de la Maligne prétendent que nous n’en ſommes pas loin. Nos pilotes ſont partagez dans leur eſtime : les uns ſe croyent à cent lieuës du Cap, & les autres à cinquante. Nous voyons bien des oiſeaux ; mais nous ne voyons point d’herbes flotantes, indication du Cap prochain.